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06/08/2014

La question sociale en France aujourd'hui.

Voici la réactualisation d’un article écrit il y a déjà quelques années sur la question sociale en France et qu’il me semble utile de republier avec ces quelques aménagements qui n’en changent pas le sens général…

 

 

 

En cet été 2014, le chômage dépasse les 5 millions de victimes, les délocalisations continuent et les plans dits « sociaux » (sic !) frappent de plus en plus durement les travailleurs français, nous rappelant que la mondialisation n’est pas vraiment heureuse quand elle n’est plus que la recherche du profit immédiat, par l’achat (pour les consommateurs) ou par la spéculation (pour les financiers ou les actionnaires)… La crise qui perdure et s’aggrave dans notre pays comme elle s’enracine chez nos voisins du sud de l’Europe, fait donc resurgir de plus en plus la question sociale que les gouvernements et les institutions européennes proclamaient, il y a quelques années, « éteinte »… Une tromperie ou, dans le meilleur des cas, une illusion…

 

En fait, la question sociale n’a pas disparu (comme certains l’espéraient) avec la société de consommation et la prospérité indéniable des Trente Glorieuses ni même avec la mondialisation présentée comme la panacée universelle, censée donner à tous les moyens de vivre dignement et « selon ses besoins ».

 

Bien sûr, dans le cas français, le niveau de vie des ouvriers tout comme leurs conditions de travail d’aujourd’hui (du moins pour ceux qui en ont un…) n’ont plus rien à voir avec ceux du début du XXe siècle, et c’est tant mieux. Mais la question sociale ne s’est évidemment pas éteinte pour autant, et la globalisation (mot plus exact et explicite que celui de « mondialisation »), en rebattant les cartes de l’économie et des puissances, a entraîné, au sein même de notre société, des remises en cause douloureuses et des interrogations sur la nature des rapports sociaux, sur leur territorialisation ou sur leurs formes. Globalisation rime aujourd’hui, pour les travailleurs français, avec délocalisations tandis que l’Union européenne évoque, elle, le terme de libéralisation en insistant sur son caractère de nécessité absolue, sans prendre en compte les exigences de la justice sociale et du bien-être moral des populations laborieuses des pays d’Europe, mais en appliquant des règles peu compatibles avec l’intérêt des industries fabriquant localement en France pour vendre aux Français, par exemple : la récente mise en garde de la Commission européenne contre le « protectionnisme » de M. Montebourg, et surtout les arguments mis en avant par celle-ci, le prouvent à l’envi. Doit-on, même, évoquer l’actuelle crise de la zone euro (qui traîne depuis déjà cinq ans) dont les victimes expiatoires semblent être aujourd’hui les Grecs, les Irlandais, les Espagnols et les Portugais avant, demain peut-être, les Français ? Les banques, il y a quelques années, ont eu droit à plus de sollicitude de la part de la Commission européenne et des gouvernements…

 

Ainsi, avec la crise et la sempiternelle épée de Damoclès du financement des retraites, mais aussi avec la question d’une dette publique devenue incontrôlable en France, la question sociale revient au cœur des problématiques françaises, comme le souligne Emmanuel Todd avec un ton peu amène à l’égard des institutions financières et des capitalistes internationaux. Bien sûr, le « nouveau prolétariat » évoqué par l’hebdomadaire Marianne n’est plus celui de 1900, mais, au-delà de ses difficultés présentes, sa nature reste la même ; c’est-à-dire une masse de travailleurs interchangeables sans autre lien avec le Travail que celui que les détenteurs de l’Argent veulent et voudront bien lui allouer, à titre temporaire, pour en tirer des profits substantiels sans être obligés de les redistribuer à ceux qui en sont les producteurs « de base », mais plutôt et seulement aux actionnaires ou aux cadres dirigeants, les uns se confondant parfois avec les autres : c’est d’ailleurs là un des éléments forts du « scandale social » qui voit d’immenses fortunes se bâtir sur de simples jeux boursiers (mais aussi sur quelques coups de pied heureux…) et non plus sur la qualité du travail effectué en tant que telle.

 

Le « nouveau prolétariat » comme l’ancien se caractérise par la « dépossession » : aujourd’hui, les ouvriers ou les artisans sont condamnés par une logique comptable qui fait qu’il est plus simple de fabriquer à grande échelle et à moindre coût dans des pays lointains où les règles sociales et environnementales sont peu contraignantes voire inexistantes, que dans notre pays attaché à une certaine qualité du travail et à la préservation des travailleurs. Ainsi, de nombreux métiers et savoir-faire disparaissent-ils, dans l’indifférence générale, puisque le consommateur ne regarde le plus souvent que le prix de l’étiquette sans penser au deuxième coût, beaucoup plus élevé, le coût social : ne pas acheter français quand on en a l’occasion sous le prétexte, fort compréhensible d’ailleurs, que le « même » produit fabriqué en Chine est moins cher, est, à plus ou moins long terme, suicidaire, comme le signalent certains économistes et l’ont rappelé, durant la dernière campagne présidentielle, des candidats aussi différents que M. Bayrou et M. Mélenchon (malheureusement pour des raisons souvent plus politiciennes que véritablement sociales)… Car, à trop dépendre des productions étrangères, que pourra-t-on vendre demain à des sociétés à qui nous aurions abandonné toutes nos technologies, nos méthodes de travail et pour qui nous aurions sacrifié nos propres outils de production ? Le cas récent d’Airbus est, à ce sujet, tristement éclairant : désormais des dizaines d’avions seront construits à l’étranger, en Asie, tandis que la Chine, à qui la société EADS a « transféré » les technologies de ses appareils, se targue de bientôt vendre à la France et à l’Europe des… Airbus, chinois bien sûr, y compris sous un autre nom…

 

Devant cette nouvelle donne qui voit le capitalisme libéral sacrifier les travailleurs de France sur l’autel de la rentabilité, gémir ne sert à rien : il faut désormais « repenser la question sociale », sans vaine illusion ni désespérance, et chercher des pistes alternatives à ce jeu malsain qui se moque des frontières comme des personnes, des familles ou des traditions. Les royalistes, fidèles à la méthode maurrassienne de l’empirisme organisateur et conscients des enjeux, ne feront pas « la politique du pire qui est la pire des politiques » comme l’affirmait avec raison Charles Maurras. Ils ne doivent pas chercher à créer des utopies mais à imaginer, à inventer de nouveaux modèles économiques et sociaux, sans perdre de vue qu’il s’agit, malgré la difficulté, de remettre « l’économie au service des hommes » et non l’inverse.

 

Il leur revient de rappeler que la nation est la première protection sociale, que c’est le plus vaste des cercles communautaires à mesure humaine et historique et qu’il offre des solidarités fortes en son sein, en son espace souverain, au-delà des différences professionnelles ou culturelles.

 

Aussi, la question sociale est une question éminemment politique, et, là encore, le « Politique d’abord » doit être compris comme la nécessité d’utiliser ce moyen pour limiter les excès de la globalisation ; susciter une véritable impulsion de l’Etat pour les grandes réformes sociales (et pas seulement en vue d’équilibrer les comptes publics) qui sont urgentes et son arbitrage pour les conflits de « légitimité sociale » entre les divers « décideurs » et les « acteurs du travail », et cela sans tomber dans l’étatisme ou le dirigisme ; permettre et accompagner un véritable aménagement du territoire qui ouvre la voie à une relocalisation de nombreuses activités et à une prise en compte véritable du « souci environnemental » ; etc.

 

Aujourd’hui, traiter la question sociale signifie « ne plus laisser faire la seule loi du Marché » (dont on voit les ravages dans la crise grecque, toujours pas réglée, dans cette crise qui, désormais, touche de plus en plus de pays de l’Union européenne malgré les propos rassurants de la Commission) mais redonner au Politique des moyens de pression sur l’Economique : si l’on veut inscrire cette démarche dans la durée et l’indépendance, l’Etat doit lui-même disposer de la durée et de l’indépendance, et être respecté à l’intérieur comme à l’extérieur. Au regard de l’Histoire comme de la réflexion et de la pratique politiques, il n’en est qu’un qui, en refusant de sacrifier les hommes à une logique totalitaire ou marchande, soit possible et souhaitable : la Monarchie à transmission héréditaire, politique et sociale à la fois.  Une Monarchie sociale et active, « à la française », décisionniste et volontariste, au-delà des préjugés ou des timidités. Voilà, en fait, la meilleure réponse à une « économie sauvage » dont les seules valeurs sont financières : pour retrouver, demain, le sens de la mesure et de la justice sociale que la République des Hollande, Proglio et autres Tapie foule aux pieds…

 

 

21/11/2011

Dialogue avec des communistes autour de la question sociale (1)

Les marchés sont des lieux privilégiés pour l'expression politique et je les ai souvent arpentés, à Rennes comme dans la région parisienne, tracts et journaux en mains, pour convaincre de l'excellence des idées et propositions royalistes. Aussi, suis-je toujours attentif à discuter avec ceux qui y passent du temps, souvent pour des causes qui ne sont pas les miennes, mais toujours dans l'optique d'ouvrir un dialogue qui n'est jamais inutile !

 

Ainsi, ce dimanche matin, ce sont des militants communistes que j'ai croisé, dans un quartier pourtant réputé pour son conservatisme social (le XVIe...) : ils vendaient L'Humanité-dimanche et distribuaient des tracts mélenchonnistes en prévision de la présidentielle prochaine. La discussion, fort courtoise, a vite tourné autour de la question sociale : les injustices, l'austérité, les nouveaux maîtres du jeu de la « gouvernance » financière européenne, etc. A celui qui passait et tendait l'oreille, le débat aurait sûrement paru... surprenant ! Quoi, un royaliste parlant « social », et s'en prenant aux « oligarchies » européennes ?! Comme cela paraît étrange à qui n'a pas eu le loisir de s'intéresser aux idées monarchistes ! En fait, rien de plus normal, et il n'est pas inutile de rappeler que, en France, les premiers à se préoccuper du sort des ouvriers furent les catholiques sociaux, le plus souvent monarchistes légitimistes, comme René La Tour du Pin, Alban de Villeneuve-Bargemont ou Albert de Mun, dont j'ai acheté il y a quelques mois les volumes des discours et interventions parlementaires, véritable mine de documents sur les débats politiques et sociaux de la période 1870-1914.

 

Dans cette discussion impromptue, j'ai fait part de ma profonde inquiétude face aux oukases si peu sociaux des instances européennes et des agences de notation : cette « dépossession » des pouvoirs et prérogatives des Etats par des institutions si peu « démocratiques » et, surtout, profondément démophobes, ne réjouit ni les communistes ni les royalistes, ni la plupart des citoyens de notre pays, au-delà même des différences de positionnement électoral ou doctrinal. Mais les royalistes ont un avantage sur les uns et les autres : l'essence de la monarchie française est politique, éminemment politique, et ne doit rien, dans sa légitimité propre, aux jeux financiers et aux parentèles politiciennes, ce qui a l'immense avantage de « libérer la magistrature suprême de l'Etat », de lui permettre d'affirmer la justice sociale face aux puissances d'argent et, ainsi, de rendre à l'Etat une certaine force de frappe qui, aujourd'hui, semble diablement manquer aux gouvernements européens et à la Commission européenne, obligée cette semaine encore, de « manger son chapeau » face aux agences de notation, alors même qu'elle est parfois si violente à l'égard des Etats et des peuples quand il s'agit de dénoncer les déficits ou les entraves à la libre concurrence !

 

« Il faudrait un Louis XIV pour arrêter tous les Fouquet qui imposent leur « gouvernance » à l'Etat ! » : et les communistes d'opiner du chef, peut-être un peu gênés d'être d'accord avec un royaliste...

 

 

(à suivre)

 

 

 

 

 

13/07/2011

L'ouverture des grands magasins le 14 juillet : une régression sociale.

Le 14 juillet est officiellement un jour férié, comme le 1er mai ou le 15 août : les services publics sont fermés, même si les fonctionnaires de police et les militaires ne sont pas inactifs ce jour-là,  entre défilé et maintien de la sécurité. Mais, jadis et logiquement, les commerces étaient fermés, en particulier les magasins, et c’était un jour de repos pour tous les employés et salariés : c’était une bonne chose, après tout !

 

Les temps ont changé, et les droits sociaux ont fortement reculé dans notre pays depuis quelques années, au nom d’une consommation que l’on veut à la fois immédiate et permanente, même au-delà de la toile…

 

Ainsi, le cas de Parly2, aux portes de Versailles, est fort révélateur de cette évolution (régression serait le terme le plus approprié…) : ce grand centre commercial sera ouvert ce jeudi 14 juillet, comme chaque 14 juillet depuis 2007… A l’époque, l’annonce de cette ouverture avait soulevé quelques contestations de la part des syndicalistes et des royalistes (eh oui !), mais en vain ! J’avais d’ailleurs écrit à la presse, contacté quelques autorités, alerté mes amis… Il faut être franc, j’avais rencontré peu d’échos, comme si la cause était perdue d’avance ! Effectivement, cette ouverture pouvait sembler un ballon d’essai pour mettre en place l’ouverture dominicale des commerces, confirmée par la loi qui sera en fait (et en droit) votée en 2009, et beaucoup pensaient déjà qu’il n’y avait plus rien à faire, ayant intégré l’idée que « maintenir un commerce fermé un dimanche ou un jour férié, c’était une perte économique et une atteinte à la liberté du travail » (sic !)…

 

Or, que constatons-nous ? D’abord que la plupart des salariés de Parly2 préféreraient profiter de ce jour de congé « national », et qu’ils sont fort peu « volontaires » puisqu’on ne leur demande pas vraiment leur avis (j’ai recueilli ce matin même quelques témoignages fort révélateurs à ce propos…) pour travailler ce jour-là ; que ce qui a été présentée comme « exceptionnelle » en 2007 (le 14 juillet tombait alors un samedi et le Centre commercial arguait de cela pour expliquer qu’il était délicat de perdre une telle journée, même en juillet…) est devenue désormais la règle « naturelle », du lundi au samedi, pour le 14 juillet ; que la fête nationale qui devrait être l’occasion pour tous les citoyens d’un repos légal et d’une occasion festive (le bal du soir ou les festivités du jour) est ravalée au rang d’un jour « ordinaire », commercialement parlant… et tant pis pour les salariés du Centre Parly2, en somme !

 

Un autre élément m’agace, qui est la formulation de ce « recul social » réel : « ouverture exceptionnelle » ! Quelle hypocrisie, alors que c’est désormais la fermeture du Centre commercial un jour férié qui apparaît l’exception !

 

Il y a un moyen de ne pas cautionner cette régression sociale, c’est de ne pas entrer dans un magasin ce 14 juillet, tout simplement ! En attendant que le rapport de forces soit à nouveau au bénéfice des salariés et que l’Etat rappelle aux grandes enseignes leurs devoirs sociaux… et nationaux !